J'ai eu pas mal de temps ces derniers jours... Les activites n'etant pas legions dans les lieux ou j'ai fait escale, j'ai donc decide de m'addoner a une nouvelle qui s'imposait: le repos.
Cependant, tout repos n'est pas seulement revasser sans faire fonctionner son cerveau. Pour preuve, j'ai eu une production d'articles decuplee ces 5 jours, et je demene aujourd'hui pour vous les balancer tous online les uns apres les autres. En d'autres temps, je vous les aurais mis au compte goutte pour vous tenir un peu en haleine de la suite, mais j'ai beaucoup de route a faire en peu de temps, donc efficaicte requise... Heureusement, j'ai mon petit carnet de notes preferes, que je vais bouquiner en rentrant un jour, et qui va me faire bien marrer. Je suis passe par toutes les humeurs en tres peu de temps ces derniers jours, et c'est bon de ressentir tout ca. Mais n'oublions pas le caractere didactique de mon voyage, alors j'observe beaucoup, pendant que je me repose... Ainsi, dans des lieux ruraux, ecartes de la moindre occupation culturelle telle que l'on peut l'imaginer (je veux dire musee, site touristique rempli de falangs avides de photos, ou encore rue bondee de monde), j'ai developpe un sens aigu de l'observation de la vie animale.

Depuis quelques temps, j'ai decide de jeter mon devolu a la poule... La poule est un animal tellement interessant a observer. Peut-etre par sa stupidite absolue et evidente?... Je ne saurais vraiment dire... En tout cas, elle a occupe quelques heures de mon temps, a Don Kho. Allangui dans un hamac, je tentais d'imaginer ce qui se passait dans son cerveau, de la taille d'une cacahuete. Ne vous meprenez pas, vous amoureux de la poule, je tente une description objective de l'animal. Je ne fais pas le proces de la poule, vous aurez compris... Mais il faut avouer que l'attitude de ce volatille est parfois deconcertante et troublante. Tout d'abord, il y a sa facon de se mouvoir. Comme son cousin eloigne le pigeon, la poule (par extension le coq, hein...), semble agitee de soubresaut alors qu'elle marche. Sa tete bouge nerveusement d'avant en arriere alors qu'elle met une patte devant l'autre. Fascinant, des lors qu'on regarde tout les autres animaux dont la tete est l'endroit le plus stable du corps. Mais paradoxalement, prenez une poule en main, faites la bouger de droite a gauche et de haut en bas, et la tete devient parfaitement immobile dans l'espace... Quand je parle de soubresaut, c'est egalement pour decrire la facon dont elle bouge ses yeux et sa tete pour regarder ce qui l'entoure. La lueur d'intelligence dans son regard semble manquer d'electricite... Encore une fois, je ne denigre pas la poule, mais elle fait demontre un manque flagrant de ruse dans les yeux. Observez vous-meme des que vous en avez l'occasion, c'est saisissant.
On pourrait s'arreter ici, mais la demonstration de la stupidite de la poule serait bancale, et tout bon esprit mathematique pourrait la defaire facilement. Ainsi, il me faut plus d'element pour la conforter, elements que je vais pporter maintenant. La poule jeune maman, suivie de ses petits poussins, gratte frenetiquement le sol a la recherche de quelque vermine pour se nourrir. Ses petits entre les pattes, elle enseigne probablement la bonne strategie pour degotter de la bouffe. Mais des qu'elle trouve quelque chose a se mettre sous le bec (parce quelle n'a pas de dents, comme le confirme le celebre dicton), elle se jette dessus sans laisser de chance a ses rejetons de grignotter un bout. Instinct de survie, apprentissage de la dure vie de la basse-cour, je ne sais vraiment. J'ai meme vu, une fois, une poule s'etouffer a moitie avec un brin d'herbe de 30cm de long, qu'elle tentait d'avaler en long, plus vite que les autres... Les poules mangent-elles de l'herbe, d'ailleurs?...
Mais l'element le plus fort de ma demonstration ne vient pas de ma propre observation. Je le tiens d'une de mes rencontres de voyage, avec qui j'ai disserte du sujet. Tenez-vous bien... Un etude a ete effectuee, prouvant qu'une poule ne peut pas faire la difference entre son oeuf et une boule de billard. Elle couve genereusement l'un comme l'autre, sans se soucier de sa forme, de son odeur, de sa texture, ou de son poids... Si la boule de billard a le malheur de rouler hors du "nid", elle la ramene amoureusement avec ses petites pattes musclees. L'experience a ete poussee plus loin, nous amenant presque les larmes aux yeux, nous laissant imaginer la tristesse de la scene... La poule ne peut pas non plus faire la differecne entre son oeuf et un cube en bois... Elle traite effectivement le cube de bois comme son propre oeuf, et le couve sans se rendre compte qu'elle est assise sur un volume angulaire...

Si vous doutiez avant, vous devez changer d'avis maintenant... Je suis tellement desole de vous l'annoncer, mais la poule et un animal stupide et je l'ai demontre ici scientifiquement. S'il vous plait, ne me denoncez pas a la PETA pour mes decouvertes...
 
Pakse, le 8 mai... Cela fait maintenant 3 jours que je suis ici. Je partage une chambre avec mes trois hippies russes. Nous tentons de ne pas nous faire reperer, car le mec a l'accueil de l'hotel nous a dit que la chambre etait pour deux personnes maximum. Mais nous avons une strategie: quand l'un de nous veut sortir ou rentrer, il utilise la petite porte donnant sur le jardin, afin d'etre le plus discret possible et de ne pas eveiller les soupsons. 3 jours, et donc 3 soirees... 3 soirees a discutter de reincarnation, de religion, de philosophie bouddhiste, de 3eme oeil... 3 soiree a respirer les effluves de la pipe a eau artisanale recuperee quelquepart en Ouzbekistan, dans la lumiere verte et tamisee d'un sarong pose sur l'ampoule pendue au mur... 3 soirees a ecouter des aventures russes abracadabrantes, a disserter de la meilleure route entre Vladivostok et Moscou, a apprendre ce qu'est la vie sur le cercle polaire arctique... 3 nuits a dormir sur un petit matelas de bambous pose au sol, entasses a 4 dans la chambre...
Puis je quitte enfin Pakse dans un petit camion, enfoui sous un monticule de Laossiens, pour me rendre a Ban Saphai, village ou je dois prendre un bateau pour l'ile de Don Kho. Don Kho, sur le Mekong, est reputee pour ses sarongs en soie tisses a la main, a l'ancienne, et pour sa tranquillite. Pas de guest-house ni d'hotel, je resterai dormir chez l'habitant. Apres avoir embarque sur le ferry, et paye environ 17 fois le prix qu'un local aurait paye pour le traversee, me voila enfin installe dans une charmante maison de Don Kho. Je resumerai la description de l'ameublement a un seul mot: sommaire... En effet, la seule presence d'une armoire style 50's, de plusieurs matelas a meme le sol, et parfois d'une photo kitschissime dui mariage de la petite fille encadre de dore poussiereux, suffit a combler l'espace. Les maison sont toujours occupees par plusieurs generation de la famille, soit par 8 a 14 personnes. Pas d'intimite, pas de murs, pas de salle de bain. Toutes les maisons sont construites selon la meme architecture. Le batiment principal est juche sur pilottis, et se trouve a environ 3 metres au dessus du sol. C'est essentiellement la partie ou l'on dort, et sa situation surelevee et aeree permet la circulation de l'air pour les nuits de la saison chaude. La partie au sol, sous la maison elle-meme, beneficie d'une fraicheur relative pendant la journee (grace a l'ombre du batiment) et sert de piece a vivre, de salle a manger, de cuisine, de salle de bain, ou encore d'atelier pour reparer le mateirle de peche. C'est egalement un lieu cle dans les echanges sociaux, car chaque passant peut y entrer et discuter avec les occupants de la maison. Cette partie ne comporte aucun mur ni cloison, et l'on peut facilement communiquer avec les gens des maisons environnantes en haussant a peine la voix. C'est egalement le lieu de predilection pour la sieste, activite officielle de 80% des habitants entre 11h et 15h, quand la chaleur de la journee est a son paroxisme.

Je  ne le savais pas encore, mais j'allais faire partie de ces 80% ce jour-la... Je decide en effet de marcher un peu pour faire le tour de l'ile, le long des rives sur le Mekong, prevoyant une heure ou deux pour cette visite. Il est alors 10h30, i lfait deja tres chaud, mais ce devrait etre joualbe. Je suis intrepide... Mais rapidement, apres une toute petite demi-heure, je me rend compte qu'il m'est tout a fait impossible de mettre un pied devant l'autre. Je suis en nage, une fatigue incroyable m'envahit sournoisement facon express, et mon sang semble bouillir dans mes vaines. Je n'ai jamais ressenti une sensation telle que celle-ci... Je tente de lutter en sifflant une Beer Lao de 70cl, mais impossible... Je m'endors finalement lamentablement sur un banc en bois, a l'ombre d'un grand arbre, avec pour derniere vision la course tranquille des eaux du Mekong. Berce par le doux son des metiers a tisser, au loin, parfois mi-eveille par quelque poule bruyante ou par un passant courageux, je reste la, prisonier de cette lethargie jusque vers 16h, ou une fraicheur a peine perceptible tente de me tirer de cet etat. Peniblement, je m'assoie doucement, considerant avec etonnement que c'est la premiere fois que je ressens si fort les effets de la chaleur. Petit a petit, la temperature redescend, et un vent frais commence a souffler, pousse par un orage qui gronde a l'horizon.

Ma soiree apres un excellent repas fait maison, sera pourtant courte, et je retombe dans les bras de Morphee vers 20 heures a peine... Apres avoir verifie sur mon thermometre ce jour-la, je crois que je suis en mesure de dire qu'avec plus de 41 degres a l'ombre, c'etait bien le plus "chaud" jour de ma vie...